Engin Aycicek

Je vis en France depuis 2002 avec le statut de réfugié politique. Après des études d’ingénieur en Turquie durant lesquelles je n’ai jamais cessé de m’intéresser à l’art sous toutes ses formes, j’ai étudié la philosophie et le cinéma en France. J’identifie la source de ma passion pour le cinéma au jour ou j’ai acheté mon premier appareil photo dans un marché aux puces d’Istanbul. Plus tard j’ai découvert le cinéma d’auteur à la cinémathèque. Puis, petit à petit, j’ai commencé à collectionner des films et à écumer bibliothèques et archives. Au cours de mes études d’ingénieur, j’ai suivi en parallèle des cours de cinéma et j’ai fréquenté l’école des beaux-arts d’Istanbul. J’ai aiguisé mon œil dans les ateliers de peintres. Avec ma première caméra, j’ai filmé anarchiquement les bas-fonds d’Istanbul, les quartiers où j’ai passé mon enfance. J’ai également tourné des images dans certaines régions sensibles de la Turquie où les conflits ethniques sont monnaie courante. Diverses aventures et mes recherches cinématographiques m’ont mené à Paris. Là, j’ai entrepris des études de philosophie et j’ai passé une maîtrise de cinéma durant laquelle j’ai rédigé un mémoire consacré à l’esthétique des films de Paradjanov.

Je ne me considèrerai jamais comme un bon élève et je ne le serai jamais. Largement autodidacte, c’est dans les cinémathèques et les vidéothèques de Paris que je continue de me forger une culture.

Mon expérience professionnelle dans le domaine cinématographique en France débute avec la rencontre d’Emmanuel Finkiel lors du tournage du film « Nulle part terre promise ». Par la suite j’ai écrit et réalisé deux courts-métrages auto-produits. Arabesk est le premier film produit par une structure de production et j’aspire à pouvoir le tourner dans des conditions professionnelles.

Parallèlement, pour survivre à Paris, je suis contraint de mener une autre vie, très éloignée du monde de la culture et des arts : comme de nombreux migrants, je travaille pour une faible rémunération. Ce n’est pas une nouveauté car depuis mes 13 ans, chaque année pendant les vacances scolaires, j’améliorais mon quotidien en exerçant des petits boulots.

À Paris, je n’ai pas changé mes habitudes et le temps que je sacrifie dans le monde de l’extrême précarité me permet de collecter mes histoires et de rencontrer mes personnages.